AU BORD DU MONDE

L’endroit a de quoi surprendre : quelques îlots rocheux, battus des vents, perdus dans l’Atlantique, aujourd’hui désertés par leurs habitants. D’immenses falaises, le plus grand sanctuaire d’oiseaux marins de l’Hémisphère Nord… Une baie providentielle où le flot se calme presque, et au bord de laquelle, autrefois, il y avait un village.

Au-delà du symbole de l’apprivoisement de la nature par l’homme, ou de la fin annoncée des modes de vie traditionnels, le film nous invite à une réflexion sur l’insularité. Saint Kilda n’est-elle pas – une fois sa beauté unique et sa profonde différence révélées – n’est-elle pas cette « utopia » dont parlent poètes, philosophes et voyageurs ?

Une île surgie des flots, étrange et terrible, comme aux premiers jours de la Création. Une île, symbole médiéval de renoncement et de spiritualité. Mais surtout une île réelle, peuplée jusqu’en 1930 d’une communauté de quelques familles seulement, sans hiérarchie sociale, sans argent, et où la survie dépendait d’un combat sans cesse renouvelé contre les oiseaux, la solitude et les éléments.

Aujourd’hui l’île appartient au National Trust for Scotland. Une mission scientifique compte les moutons, les phoques et les fous de Bassan. Des volontaires viennent chaque été consolider les ruines du village. Mais personne ne vient là tout à fait par hasard, et Saint Kilda est souvent aussi le but ultime d’un voyage intérieur.