CENT FOIS SUR LE METIER : LE GUICHET

Pour l’obtenir, ils s’installent pour la matinée, dans le calme, l’ennui ou l’agacement. Ils arpentent le couloir en quête de l’introuvable guichet, ou pour passer le temps; ils s’asseyent, se lèvent, plantent dans les files, questionnent, bavardent. Les employés aussi s’agitent. Ils ouvrent et ferment des tiroirs, manipulent des fiches, tapotent des claviers, décrochent des télévisions, vont, viennent, signent, cachettent, sourient ou s’énervent. Entre eux, le guichet. Noeud de la nécessaire relation entre le public toujours demandeur et l’employé de service, le guichet est à la fois lieu de transaction, frontière, et ligne de démarcation que seul l’employé peut franchir et qui le protège. A travers ce cadre étroit de communication ou d’incommunication, des gens de chair et d’os, les habitants d’une ville, négocient leur existence sociale.